Les Autochtones en situation d’itinérance

Suite à la publication de la série d’articles concernant l’itinérance chez les autochtones, nous vous proposons quelques articles scientifiques et une courte revue de presse concernant les autochtones en situation d’itinérance au Canada.

Plans et rapports

Plan to End Aboriginal Homelessness in Calgary

Le plan pour mettre fin à l’itinérance chez les Autochtones à Calgary a été élaboré en 2012 par le comité directeur sur le logement et l’itinérance. Le plan est important parce que l’itinérance chez les Autochtones diffère de celle des non-Autochtones; notamment, la colonisation est très présente comme cause ou facteur contribuant à l’itinérance chez les Autochtones. De plus, le comité directeur affirme qu’on ne peut pas juste s’attaquer aux causes individuelles de l’itinérance (telles que la santé mentale, la toxicomanie, etc.). Les solutions devraient plutôt viser le changement systématique stratégique.

Le plan soutient aussi que la recherche a beaucoup plus mis l’accent sur le logement, mais a négligé d’analyser la façon dont les politiques des gouvernements canadiens ont affecté les Autochtones et ont nui à leur intégration et à leur bien-être au Canada. Le plan propose 20 recommandations qui devraient être intégrées dans les autres plans pour mettre fin à l’itinérance touchant les personnes autochtones. Les recommandations comprennent plus de logements, dont du logement dans les réserves et pour les jeunes et les enfants; des consultations avec les personnes autochtones sur les questions qui les concernent; et la création de deux postes au conseil de direction du Calgary Homeless Foundation.

Winnipeg Plan to End Homelessness

Le plan de Winnipeg a été mis en place en 2014 avec l’objectif de mettre fin à l’itinérance en l’espace de dix ans. Le développement du plan a beaucoup bénéficié d’un conseil des aînés (Elders’ Council), composé de cinq Elders, à Winnipeg. Le conseil été consulté tout au long du processus de développement et de mise en œuvre du plan. En outre, plus de 25 % des membres du groupe du travail sont autochtones. Le plan s’engage à la compétence culturelle (cultural proficiency). Le plan insiste sur le fait que la compétence culturelle est bien plus importante que la sensibilité ou la reconnaissance, mais le plan a l’objectif d’engager et de retenir les personnes autochtones, et de s’assurer de la compétence culturelle de tous les services travaillant avec les personnes autochtones aussi. Le dernier dénombrement à Winnipeg a conclu que 62 % des personnes itinérantes s’identifient comme étant autochtones.

Bien-être des enfants autochtones : Rapport aux premiers ministres des provinces et territoires

Les enfants autochtones sont surreprésentés dans les services de protection de l’enfance à travers le Canada. Le document, demandé par les premiers ministres des provinces et territoires, fournit des exemples de programmes et services qui ont réussi à diminuer le nombre d’enfants autochtones dans le système de protection de l’enfance. Les programmes ayant obtenu le plus de succès ont trois choses en commun : ils sont bien coordonnés, culturellement adaptés et axés sur la prévention. Mais le rapport reconnaît cependant qu’il n’y a pas une solution unique à la question. Le rapport examine le système actuel au Canada et met l’accent sur les défis auxquels fait face le système, notamment recruter et soutenir les intervenants dans les communautés autochtones et les répercussions historiques et générationnelles.

Recherche

Aboriginal Homelessness in Canada : A Literature Review

Caryl Patrick pour le Homeless Hub, 2014

Le rapport présente une revue exhaustive et impressionnante de la littérature scientifique concernant l’itinérance chez les Autochtones. L’auteure examine quatre domaines d’enquête : les concepts clés (notamment la définition de l’itinérance et du chez-soi), les causes, les expériences d’’itinérance de personnes autochtones et l’action proposée (ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas). Le rapport est écrit dans un style simple à l’intention des chercheurs, mais aussi des fournisseurs de services, des décideurs politiques et des fonctionnaires. L’article est dense et long, mais c’est une source incontournable pour tous ceux qui souhaitent mieux comprendre l’itinérance chez les Autochtones.

Homelessness, Urban Aboriginal People, and the Need for a National Enumeration

Bélanger et coll., 2013

Les auteurs estiment que, chaque nuit au Canada, environ 7 % de la population autochtone en milieu urbain se trouve en situation d’itinérance, comparativement à la moyenne nationale, qui est de 0,78 %. Mis à part leurs estimations approximatives, le manque de données sur la population autochtone en situation d’itinérance est un problème grave selon les chercheurs, qui disent qu’une meilleure compréhension du phénomène améliorerait les interventions auprès de cette population très vulnérable. Les auteurs suggèrent un dénombrement des personnes autochtones en situation d’itinérance et une stratégie nationale de logement pour les personnes autochtones qui ne vivent pas dans les réserves.

Aboriginal Homelessness : Looking For A Place To Belong.

Turner et coll, Calgary, 2007.

36 % de la population itinérante à Calgary est Autochtone, alors que 2,5 % de la population générale de la ville est Autochtone. Malgré cette présence importante, la recherche concernant l’itinérance chez les Autochtones et les politiques publiques pour réduire le problème ne sont pas avancées. Le fait que les différents ordres de gouvernement (provincial et fédéral) ne s’accordent pas sur la question de la compétence des personnes autochtones en milieu urbain est une des raisons pour lesquelles les politiques publiques ne sont pas plus avancées.

Le centre d’amitié, avec les chercheurs de l’Université de Calgary, a été mandaté pour la production d’un programme de recherche concernant l’itinérance chez les personnes autochtones. Les questions de recherche les plus pressantes portent sur les causes de l’itinérance chez les personnes autochtones et l’évaluation des programmes déjà en place. Le rapport est aussi une analyse environnementale des services offerts aux personnes itinérantes à Calgary et les écarts dans ce système.

Mémoire de maîtrise : Les enfants autochtones en protection de la jeunesse au Québec : leur réalité comparée à celle des autres enfants.

Alexandra Breton

La recherche évalue la surreprésentation des enfants autochtones dans les services de protection de l’enfance au Québec. Avec les données administratives, la recherche montre que les enfants autochtones sont en effet surreprésentés dans les services de protection de l’enfance. La recherche conclut que la surreprésentation des enfants autochtones augmente d’une étape à l’autre des services de protection de l’enfance, et insiste sur le fait que les enfants sont confrontés à plus de facteurs de risque que les enfants non autochtones.

Actualités

MAJ – 3 juin 2016 Un nouveau service s’est ouvert à Montréal

Des organismes qui travaillent avec les autochtones se sont regroupés pour créer le tout premier Centre de justice pour les Premières Nations à Montréal. Son mandat est d’aider les personnes à passer à travers le système, ou même à l’éviter. Ce nouveau service répondra à la réalité des membres des Premières Nations qui sont surreprésentés dans les prisons du pays; un quart des hommes dans les prisons fédérales ferait partie de ce groupe, et chez les femmes la proportion est encore plus élevée. Un accent sera mis sur la prévention et le soutient de la communauté afin d’aider les personnes à faire les bons choix. De plus, les personnes aidées se feront expliquer leurs droits. Par ailleurs, le Centre pourra sensibiliser les juges quant à la réalité des personnes issues des Premières Nations.

Les personnes issues des Premières Nations sont, selon la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, parmi les plus discriminées à Montréal.

Présence record d’Autochtones dans les pénitenciers canadiens

Le 14 janvier 2016

25,4 % des détenus dans les pénitenciers canadiens sont autochtones. L’enquêteur correctionnel du Canada, Howard Sapers, dit qu’il n’a jamais vu une telle surreprésentation dans le système carcéral. La proportion des personnes autochtones dans les pénitenciers n’a pas cessé d’augmenter dans les 20 dernières années. En 1996-97, c’était 14,6 %; en 2006 c’était 19,6 %, et aujourd’hui, plus d’un quart de la population dans les pénitenciers est Autochtone. Chez les femmes, c’est encore plus alarmant : 36 % de la population féminine des pénitenciers sont autochtones. L’enquêteur dit que les peines minimales obligatoires ont eu un impact disproportionné et ont contribué à l’augmentation de la présence autochtone dans le milieu carcéral.

NWT premier Bob McLeod names new cabinet roles

Le 21 décembre 2015

Suite à sa réélection au poste de premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, Bob McLeod a nommé les membres de son Cabinet avant la pause des vacances d’hiver. McLeod a nommé la nouvelle membre de l’Assemblé législative Caroline Cochrane ministre responsable de la corporation de logement. McLeod a ajouté la responsabilité de l’itinérance au dossier de la ministre Cochrane.

Winnipeg homelessness census releases preliminary results

Le 25 novembre 2015

Le 25-26 octobre, Winnipeg a fait son premier dénombrement des personnes en situation d’itinérance. Les résultats préliminaires indiquent que 1 727 personnes étaient en situation d’itinérance le soir du 25 octobre (la population de Winnipeg était de 663 000 habitants en 2011 selon le dernier recensement canadien). 76 % des répondants s’identifiaient comme étant autochtones. L’âge moyen des répondants était de 43 ans, et 69 % des répondants étaient des hommes.

Pregnant and homeless in the Arctic : housing crisis hits Canadian territory

Le 29 octobre 2015

La pénurie de logements dans le nord du Canada est si sévère qu’une famille comprenant un bébé de 18 mois et une femme enceinte a été forcée de vivre dans une tente en attendant un logement social. Trois personnes sur cinq vivent dans un logement social à Iqaluit, capitale du territoire du Nunavut. Mais le territoire, avec une population de 33 300 personnes, a toujours besoin d’environ 3 000 nouveaux logements sociaux (avec un coût estimé à un milliard de dollars) pour répondre à la demande.

Projets autochtones du Québec constructing a shelter in Montreal for aboriginal community

Le 31 octobre 2015

Un refuge pour les personnes autochtones va ouvrir ses portes en mars 2016. Le refuge sera situé dans l’arrondissement Ville-Marie et pourra accueillir jusqu’à 70 personnes. Le refuge admettra les hommes et les femmes, qui dormiront à des étages différents, mais partageront un espace commun. Les services seront adaptés aux cultures, aux connaissances, et aux modes de vie des personnes autochtones.

Homelessness, one lasting impact of Indian residential schools

Le 27 mars 2014

Le photographe autochtone Ken Armstrong a commencé à prendre les photos de l’itinérance au Canada il y a dix ans. Il a réalisé que l’itinérance et la forte présence des personnes autochtones dans les refuges et les rues montrent l’impact continu des écoles résidentielles. Ses photos ont été exposées à l’hôtel de ville d’Edmonton en mars, mais l’article montre 20 de ces photos.

Aborginal homelessness an « epidemic », York researcher says

Le 28 mars 2014

À Thunder Bay, ville du nord de l’Ontario, 50 % de la population itinérante est Autochtone. Au Canada, à peine 4 % de la population est Autochtone, mais à travers le pays, d’est en ouest et dans les grandes et les petites villes, les personnes autochtones sont surreprésentées dans la population itinérante. Les chercheurs et les défenseurs des sans-abri s’accordent pour dire que le logement abordable et avec soutien est une solution importante à cette « épidémie ».

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