Dénombrement 2015 – les faits saillants

Il y a un an, le Centre de recherche de l’Institut Douglas, en collaboration avec le YMCA et Convercité, a mené le premier dénombrement des personnes en situation d’itinérance à Montréal. En concertation avec près de 600 bénévoles et des dizaines d’organismes travaillant auprès de la population en situation d’itinérance à Montréal, l’équipe de recherche a non seulement réussi à dénombrer d’une façon crédible et fiable le nombre de personnes en situation d’itinérance le soir du 24 mars 2015, mais a aussi pu commencer à construire un profil détaillé de cette population.

D’autres études de l’itinérance à Montréal, notamment l’enquête complémentaire menée à l’été 2015, ont aidé à comprendre « le renouvellement de la population en situation d’itinérance et le phénomène de l’itinérance épisodique », selon le maire de Montréal, Denis Coderre.

Il faut toujours garder en tête les limites du dénombrement, notamment en ce qui concerne l’itinérance cachée. Mais les résultats du dénombrement restent pertinents et importants; un an après le dénombrement, nous vous en rappelons les faits saillants.

Consultez certaines de nos analyses des résultats du dénombrement sur ce site web: une comparaison des résultats des deux dénombrements montréalais, une comparaison de l’état de l’itinérance dans plusieurs grandes villes au Canada et une analyse des résultats .

Résultats :

  • Nous estimons que, le 24 mars 2015, 3016 personnes étaient en situation d’itinérance à Montréal, sans compter les personnes en situation d’itinérance cachée (hébergées chez d’autres ou en hôtel ou motel sans avoir de domicile fixe, ou en maisons de chambres)
  • De ce nombre, 429 avaient passé la nuit dans un lieu extérieur, 1066 dans un refuge, 1041 dans un logement transitoire et 480 dans un autre lieu (hôpitaux : 76; centres de détention : 51; centres de thérapie à Montréal : 154; centres de thérapie hors Montréal : 199).
  • Environ le quart des 3016 personnes, soit 784, étaient en situation d’itinérance chronique depuis 4 ans ou plus. Près de la moitié, soit 1357, étaient en situation d’itinérance épisodique, ayant connu au moins deux épisodes d’itinérance au cours des trois dernières années.
  • En tout, 1097 questionnaires correspondant à des personnes qui ont passé la nuit dans des lieux extérieurs (177), dans des refuges d’urgence (552), dans des logements transitoires (307) et dans d’autres lieux (61) ont été recueillis et analysés.
  • Globalement, environ le quart (24 %) des personnes identifiées comme étant en situation d’itinérance dans ces types de lieux sont des femmes. Ce pourcentage varie selon le type de lieu, atteignant 54 % dans les logements transitoires, et seulement 7 % dans les lieux extérieurs.
  • Les immigrants représentent 16 % de cet échantillon. Les femmes constituent 39 % de ce groupe. La population immigrante dénombrée dans ces types de lieux constitue donc plus de 24 % de l’ensemble de l’échantillon de 1097. Les femmes immigrantes semblent particulièrement à risque d’avoir avec elles des enfants de moins de 18 ans, 22 % d’entre elles étant dans cette situation, comparativement à 10 % pour la population générale.
  • Les Autochtones constituent 10 % de notre échantillon, alors qu’ils représentent moins de 0,6 % de la population de Montréal. Les Inuits représentent 40 % de l’échantillon (de la population autochtone), tandis qu’ils ne représentent que 10 % de la population autochtone à Montréal.
  • Nous avons dénombré 6 % d’anciens combattants dans notre échantillon – un pourcentage très semblable aux 7 % répertoriés à Toronto dans leur dénombrement de 2013. La population canadienne comprend 2 % d’anciens combattants.
  • Les revenus des personnes en situation d’itinérance sont dominés par les prestations d’aide ou de solidarité sociale. Les taux d’emplois déclarés sont plus élevés chez les résidents de logements transitoires, mais demeurent en deçà de 10 %.
  • Les raisons invoquées pour expliquer le passage le plus récent à une situation d’itinérance font ressortir deux problématiques particulièrement importantes : les problèmes financiers et la dépendance aux drogues ou à l’alcool. La violence et les abus sont nettement plus souvent cités comme cause de perte de logement chez les femmes et chez les immigrants, la dépendance à l’alcool et aux drogues, moins souvent.

Méthodologie :

La méthodologie employée est généralement comparable à celle utilisée par d’autres villes canadiennes, notamment Toronto. Toutefois, elle s’en distingue de deux façons significatives : l’inclusion de centres de jour et de soupes populaires le 25 et le 26 mars, ainsi que l’exhaustivité de l’exercice de cueillette de données dans un grand éventail d’institutions et d’organismes pendant les mois qui ont suivi. Ces améliorations méthodologiques font que nous avons pu dénombrer les personnes itinérantes de façon plus exhaustive que les autres villes. Nous avons également pu recueillir 560 questionnaires de plus en allant dans des ressources de jour, portant le nombre total de questionnaires recueillis à 1514. Cela augmente la fiabilité des analyses qui visent à décrire la population en situation d’itinérance.

Afin de rendre le dénombrement plus complet, pendant les mois d’avril, de mai et de juin, nous avons contacté :

  • tous les hôpitaux de Montréal;
  • les établissements de détention à Montréal (prisons provinciales) ainsi que les centres opérationnels du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM);
  • tous les refuges et logements de transition qui n’avaient pas été inclus dans le dénombrement du 24 mars;
  • tous les refuges pour femmes victimes de violence;
  • tous les centres de crise;
  • tous les centres de thérapie, y compris à l’extérieur de Montréal, qui accueillent une clientèle itinérante et qui n’avaient pas encore participé au dénombrement (c’est-à-dire tous, sauf un).
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